POURQUOI LA MOITIE DES DEMANDES DE PRÊTS SONT-ELLES REFUSEES PAR LES BANQUES?
Publié par Galland
le 25/08/2022
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Economie
Vous avez enfin repéré la maison ou l'appartement de vos rêves? Vous vous lancez dans des démarches d'obtention de prêt bancaire? Attention, ce n'est pas la meilleure période pour obtenir un prêt, puisqu'un dossier sur deux est actuellement rejeté selon les chiffres de l'association française des intermédiaires en bancassurance (AFIB) publiés mi-août.
La cause? Un taux d'usure trop bas. On vous explique tout.
Qu'est-ce que le taux d'usure?
C'est le taux maximal auquel les banques ont le droit de prêter de l'argent. Il inclut le taux nominal (celui de votre crédit), le taux d'assurance, les frais de garanties, de dossier et de courtage soit votre taux annuel effectif global (TAEG). Si tout cumulé, votre taux est supérieur au taux d'usure, votre crédit est considéré comme usuraire, et donc illégal. Cet indicateur a été créé en 2008 pour protéger les consommateurs du surendettement et éviter que les banques ne prêtent à des taux trop haut.
Actuellement, il est de 2,57% pour les prêts de 20 ans et plus, et de 2,60% pour les prêts entre 1 et 20 ans.
Comment est-il calculé?
Ce taux est fixé par la loi. C'est la Banque de France qui le calcule, et le met à jour tous les trois mois, en se fondant sur la moyenne des taux de crédit effectifs pratiqués (des dossiers qui sont acceptés) et en ajoutant une marge d'1/3 pour s'adapter à tous les profils. En clair, les banques ne sont pas libres de fixer librement les taux de crédit auxquels elles vous prêtent de l'argent: ils sont toujours inférieurs au taux d'usure fixé par la banque de France. Le prochain calcul interviendra le 1er octobre.
C'est quoi le problème avec le taux d'usure?
Le taux d'usure en vigueur depuis le 1er juillet est calculé sur les crédits des trois mois précédents, qui peuvent avoir été négociés il y a cinq ou six mois, lorsque les taux étaient encore bas. Du coup, le taux d'usure ne suit pas la réalité du marché, il augmente très lentement comparé aux taux de crédit pratiqués actuellement, qui entraîne "un effet ciseau" pour les demandeurs de crédits. "Sur un an, alors que le crédit a augmenté de 0,7 point, le taux d'usure n'a augmenté que de 0,16 point, il y a un grand décalage avec la réalité", relève l'experte.
Ainsi, avec un taux de 1,80%, la moyenne des taux actuels, en prenant en compte tous les autres frais, vous avez de grandes chances de dépasser le plafond de 2,57%. Et donc d'essuyer un refus. D'autant que ce taux d'usure n'incite pas les banques à prêter, une pratique sur laquelle elles font déjà peu de marge, puisqu'elles savent que les dossiers n'iront pas au bout. Et comme les taux de crédit, malgré la hausse, restent très bas, mécaniquement, le taux d'usure aussi.
Seniors, plus de 45 ans… Qui sont les profils les plus touchés?
Tous les profils sont concernés. L'AFIB notait que ceux qui étaient le plus touchés par des refus de crédit étaient les "30-55 ans", soit les plus aisés, et dans 7 cas sur 10, il s'agissait de l'achat de la résidence principale. Les "profils lambda", qui auraient décroché il y a trois mois encore sans problème un prêt, essuient aujourd'hui une fin de non-recevoir. "Même des couples en CDI, avec 10 ou 20% d'apport et des revenus supérieurs à 4000 euros se voient refuser des crédits.
Si les séniors achètent moins leur résidence principale et qu'ils sont moins nombreux à faire des demandes de prêts et sur des durées moins longues (le taux d'usure jusque moins de 20 ans est de 2,60%), ils font partie de ceux qui ont le plus de problèmes actuellement. En ce moment, même pour des seniors avec de très bons dossiers, il est quasi impossible de décrocher un prêt. Même constat pour les plus de 45 ans, qui s'engagent en plus en général sur une longue durée. Logique, puisque le taux de crédit et le taux d'assurance augmentent avec l'âge.
Quelle est la solution?
On peut toujours tenter de négocier au mieux son assurance emprunteur auprès d'un autre organisme que la banque prêteuse. Malgré tout, dans la conjoncture actuelle, cette mise en concurrence n'est pas forcément suffisante. Les banques sont aussi en position d'attente", assure l'experte. Pour certains particuliers, il existe d'autres solutions très minoritaires. Certaines banques acceptent des prêts sans assurance, s'il y a une garantie hypothécaire sur un autre bien ou le nantissement d'une assurance vie. Cela fait donc mécaniquement baisser le taux d'usure.
Tout sera-t-il réglé le 1er octobre?
Le taux d'usure devrait augmenter de 0,20% à 0,25% en octobre. Cela va redonner de l'air. Les dossiers à 1,8% vont passer, mais pas ceux à 2%. De son point de vue, et celui d'autres professionnels du secteur, il faudrait un geste exceptionnel de la banque de France pour relever le taux d'usure au-delà du calcul usuel. En 2017, on empruntait à 2% et les taux d'usure étaient à 3,5%. Une différence qui s'explique parce que la pente était inverse: les taux de crédits étaient alors en baisse. Certains professionnels du secteur plaident même pour un changement du mode de calcul de ce taux. Mais les associations de consommateurs estiment qu'il s'agit d'un mécanisme de protection du consommateur indispensable.
Source de l'article au lien suivant (notre temps publié le 23/08/2022).